Au lendemain de votre arrivée, vous retournez à nouveau à l’auberge sous des auspices plus sereins et familiers. Sous la lumière de ce nouveau jour, vous remarquez le nom de l’auberge : « La coupe de Cristal ».
Alors que les tables se remplissent, les discussions vont bon train concernant la nouvelle de ce « Sibyllin ». D’une part on parle de vous, ce petit pamphlet aura eu pour conséquence directe de faire de vous le centre de l’attention à Florence. Dans les autres tables, on parle des Sibyllins, ces derniers se sont faits connaître cet été dans les grandes cités d’Italie. Les Sibyllins semblent toujours très bien informés et ont mis à jour de sombres conspirations à plusieurs reprises. Certains leur prêtent même des pouvoirs divinatoires. Ils n’ont cessé de croitre en popularité à Florence. Stefano Salvianni semble être réputé pour mettre en évidence un fait banal et lui donner l’éclairage qui a démasqué des bandes de brigands, des officiers corrompus mais aussi des sombres affaires de mœurs impliquant de trop jeunes personnes.
Mis à part ces discussions, tout semblait paisible. Lorsque soudain, Andreas attrape l’un d’entre vous par le col et le projette au sol. Vous le reconnaissez immédiatement, un homme arrivé en votre compagnie la veille. Il avait semblé être un individu mesquin, cherchant inlassablement à attirer l’attention sur lui-même.
Il était maintenant évident qu’il n’était qu’un voleur et un fanfaron. Lors de sa chute, la bourse de l’auberge tomba de sa poche, le démasquant complètement. Allongé par terre, tout simulacre d’innocence était devenu futile et il tenta de se relever. Andreas le repoussa au sol d’un coup de pied ferme.
S’adressant à l’assemblée, Andreas déclara : « Mes frères, les règles de l’hospitalité sont sacrées dans la Marche. Nous nous devons d’accueillir quiconque en fait la demande, mais à nos propres conditions. Et vice-versa quand un aubergiste est notre hôte. Et donc, nous ne volons pas nos hôtes, jamais ! ».
Il se tourna vers le voleur : « Tu me dégoûtes, ni assez malin pour faire preuve de patience, ni assez habile pour éviter d’être pris, et tout cela sans la moindre trace d’honneur et d’intelligence. Va-t’en ! ». Notre voleur abandonna la bourse et quitta précipitamment l’auberge, tentant de préserver une certaine dignité feinte. Cependant, il pâlit lorsque l’aubergiste, Jacomo d’Arques, fit jouer son couteau de cristal en sa direction.
Andreas poursuivit : « Nous avons des amis, des alliés en qui nous avons placé notre confiance. Les aubergistes font partie intégrante de ces relations. Nous les respectons et, en retour, nous jouissons d’un lieu sûr pour nos repos. Je prends également une part de responsabilité dans cette affaire, pensant que nos coutumes étaient universellement comprises car, généralement, ceux qui nous rejoignent les connaissent déjà. Permettez-moi donc de vous éclairer : l’aubergiste décide de qui entre et qui sort, et ce, sans discussion. En cas de résistance, nous prêtons main-forte à l’aubergiste, même si cela implique des perturbations. Si perturbation il y a, nous ne l’amenons jamais dans l’auberge, nous ne nous réfugions jamais dans l’auberge, nous la défendons ! Cela serait une offense envers notre hôte que de lui amener des ennemis. Nous quittons l’endroit dans un état impeccable et ne soyez pas surpris si, de temps à autre, un serveur se joint à votre table. Croyez-moi, généralement, cela est à votre avantage. »
« Pour que les choses soient parfaitement claires… Je vous présente donc notre hôte, Jacomo d’Arques, Maître verrier et cristallier originaire de Murano à Venise. Il a choisi de passer sa retraite avec nous car Jacomo excelle non seulement dans la fabrication du verre et du cristal, mais également dans l’art de recevoir. Ici, vous trouverez des boissons venues de toute l’Europe, ainsi que les vins les plus prestigieux de Florence. Vous trouverez en lui un maître alchimiste métallurgiste spécialisé dans les cristaux, mais aussi un maître en mixtures magiques, sa réputation d’entremetteur n’est plus à … »
Au début, vous ne compreniez peut-être pas où voulait en venir Andreas mais, au fil de sa présentation, vous commenciez à percevoir sa tactique. Après le départ précipité du voleur, maître Jacomo semblait très contrarié. Cependant, à mesure qu’Andreas ajoutait des éloges à sa présentation, le vieil homme s’adoucissait, jusqu’à ce qu’il range finalement son couteau de cristal et esquisse un sourire envers Andreas, lui faisant signe d’arrêter.
Votre Aurige avait habilement évité un incident ou, du moins, son aggravation. Cette auberge, la Coupe de Cristal, semblait être bien plus qu’un simple lieu de repos. Elle était un sanctuaire d’hospitalité, où les liens se tissaient aussi précieusement que le cristal lui-même, dans le monde de la Marche.