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Nous sommes début décembre, et Florence, vêtue de son manteau de neige, s’étend sous vos yeux, couronnée par le fort Belvédère, du moins, de votre point de vue.

Une bise glaciale balaye les rues et les collines et, malgré ce froid mordant, vous vous activez à préparer les chariots fraîchement arrivés, leur bois craquant sous vos mains engourdies. Vous apprenez à les adapter pour les longs trajets à venir, chaque geste précis, chaque nœud serré avec soin. Les préparatifs avancent à bon rythme sous l’œil vigilant d’Ubaldo, l’Ancien des Marchands, un homme dont la présence impose le respect.

Récemment, Ubaldo était absent, occupé à acquérir les fournitures indispensables à la Kumpania avant l’arrivée de l’hiver. Même à Florence, la saison froide peut être impitoyable et, si la caste des marchands peut profiter de la chaleur des auberges, les autres castes, toujours sur la route, dépendent de ces fournitures. Une tâche titanesque où chaque détail compte, mais Ubaldo gère tout cela avec une maîtrise exemplaire. Il connaît tout le monde, surtout ceux dont les compétences sont vitales pour relever les défis à venir.

Depuis ce matin, Ubaldo est dehors, organisant et supervisant les préparatifs, n’hésitant pas à mettre la main à la pâte. Contrairement à d’autres Anciens, il se montre plus familier avec vous et, au fil du temps, vous comprenez que cette attitude découle de son rôle d’Ancien de votre caste. Il vous appelle pour la pause d’avant midi bien méritée, terminant la journée en avance aujourd’hui, vos journées de travail se limitant à la matinée.

L’auberge est calme ce matin et vous en êtes les seuls occupants. Ubaldo ajoute quelques bûches dans l’âtre, réchauffant l’atmosphère d’un crépitement bienvenu. Le café et la soupe sont prêts, accompagnés de pain frais et de gâteaux savoureux.

« Restaurez-vous, mes frères. Nous avançons bien…Vous avancez bien et nous serons prêts. »

Nous allons bientôt prendre la route ensemble et peu d’entre vous me connaissent encore. Mon nom est Quintillo, mais appelez-moi Ubaldo, je préfère. Je suis votre Ancien, le premier Ancien d’une caste marchande. Nous sommes la première Kumpania où les marchands sont membres à part entière. Mieux encore, nous sommes la caste dirigeante.

Comprenez-moi bien, nous sommes tous frères dans la Kumpania et chacun d’entre nous donnerait sa vie pour l’autre. Cependant, dans la vie quotidienne, les quatre castes n’ont pas toujours le même point de vue. Les marchands sont devenus essentiels pour les Kumpani, mais ils n’ont pas d’Ancien pour porter leur voix. Je compte sur vous pour être irréprochable envers nos frères et sœurs qui nous protègent et nous guident.

Notre rôle sera d’être les plus actifs dans le commerce, les prises de contact et la diplomatie. Je sais que certaines factions vous courtisent déjà mais rappelez-vous que vous avez rejoint une Kumpania, nous sommes tous frères et sœurs.

Selon notre tradition, notre prochaine étape sera marquée par une Enchère, sacrée aux yeux des marcheurs. Nous sommes à Florence, une ville qui nous promet d’innombrables opportunités. Le commerce et les affaires y prospèrent depuis des siècles. »

Ubaldo sort une pièce d’argent de sa poche et la brandit devant lui.
« Voyez cette pièce, presque aussi vieille que l’histoire de la grande banque des Médicis. »

Ubaldo voit qu’il a attiré l’attention de certains d’entre vous, il sourit aimablement.
« Laissez-moi vous conter :

L’Europe était plongée dans une ère de grands conflits et Cosimo di Medicis était encore jeune. A l’époque, trois puissantes institutions financières se faisaient face : la Banque du Vatican, la Banque des Médicis de Florence et la Banque de Jérusalem, des Templiers. Toutes trois étaient des acteurs clés de ce drame financier.

La Banque du Vatican, sous la tutelle du Saint-Siège, cherchait à élargir son influence et à amasser des richesses, ils imposèrent des taxes pesantes sur les transferts de fonds. Faisant une vraie fortune sur les lettres de crédit de grandes valeurs.

En réponse, la Banque des Médicis et la Banque de Jérusalem s’unirent contre cette menace. Une union entre les deux banques naquit, les Templiers apportaient leur expertise des routes en sécurité et protection, tandis que les Médicis facilitaient les transactions grâce à leur comptoirs présents à travers l’Europe. Ensemble, ils réduisirent les frais de transfert de fonds et les taxes, affaiblissant le Vatican en réduisant la clientèle effrayée par les taxes insupportables.

Les Templiers, dans un acte supérieur de défi, frappèrent leur propre monnaie en Vif-Argent, inscrivant la devise : ‘Trois dieux, trois peuples, une destinée’. Symbolisant l’unité entre chrétiens, juifs et musulmans, y ajoutant même le symbole de Gaïa. La banque des Médicis se retira de l’alliance considérant, à raison, cet acte trop osé.

Le pape répudia la nouvelle monnaie, déclarant que toute personne employant celle-ci serait considérée comme un impur.  Sa valeur chuta drastiquement, à peine un dixième de sa valeur initiale. La Banque de Jérusalem en sortit affaiblie, tandis que les Médicis récupérèrent la gratitude de l’Église.

Depuis, l’écu d’argent est utilisé par la Marche et les autres impurs dans leurs transactions. Sa valeur est, maintenant, d’un dixième d’un Florin d’or ou d’un Ducat. 

En fin de compte, le Vatican confia à la Banque des Médicis la gestion des transferts de la dîme à travers l’Europe. Ce qui fit de cette banque une des plus puissantes d’Europe.

Aujourd’hui, les Médicis ont financé la création de notre Kumpania. Ils sont nos alliés. Nous restons indépendants mais nous n’oublierons pas de respecter nos alliés et amis. Comme cette histoire nous l’apprend, nous respecterons aussi nos adversaires. Car le commerce est plus une histoire de compromis que de victoire totale ».

Ubaldo range sa pièce précieusement et commence à boire son café avec le plaisir de la chaleur qu’il lui procure.

Ubaldo est un personnage singulier, s’il est de nature amicale avec chacun d’entre vous, on remarque rapidement qu’il est retors en affaire.  Il connait la valeur des contrats mais une simple poignée de main ou une parole donnée vaut tout autant pour lui. Ubaldo parle souvent de l’importance de votre Kumpania pour la caste des marchands, non pas qu’il veuille briller, mais il veut bien faire pour tous ses frères et sœurs.