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Une nouvelle froide journée hivernale s’annonçait et tout le monde était las d’attendre. À un point tel que les gens semblaient suspendus dans le temps à l’intérieur de l’auberge de la Coupe de Cristal.

Encore quelques jours et la grande aventure commencerait.

Mais, pour le moment, il n’y avait à contempler que les locaux qui s’affairaient pour les tâches quotidiennes à Fort-Belvédère.
Il y avait, certes, le paysage mais celui-ci était déjà gravé dans les mémoires à force de le contempler.

Soudain, des cors retentirent et les templiers furent mis instantanément en alerte.

Les futurs membres de la Kumpania sortirent et se rendirent vite compte qu’il ne s’agissait pas d’une attaque mais de l’arrivée d’une troupe composée d’une cinquantaine d’hommes à pied, une quinzaine à cheval et d’un carrosse qui s’arrêta à proximité.

Plusieurs étendards et drapeaux d’or à la croix de gueules et à l’olivier nimbé de lumière ornaient le convoi.

Un des badauds expliqua que c’était le drapeau de Lode (Lodi en italien) sur lequel avait été ajouté un olivier, symbole de paix et de longévité, une couleur blanche l’entourant et faisant référence à la lumière, symbole de sagesse.

Un héraut descendit du carrosse et annonça : “ Son Excellence Dante D’Albore, Emissaire vénitien du Conseil de Lode ! ”.

S’ensuivit un homme à l’allure militaire, surgissant par la porte du carrosse, beuglant quelques ordres aux miliciens de l’escorte. Il s’agissait du condottière ayant eu la charge de l’escorte.

Les gens s’étonnèrent ou rirent car ce n’était pas la personne attendue.

En dernier, descendit un homme au visage grave et exprimant un air sérieux, non sans lancer un regard noir au héraut ayant gaffé, il semblait jauger l’endroit et les gens qui le regardaient.

Cette personne était habillée d’un costume noir, beau mais pratique, portait un élégant béret et une parure argentée composée de soleils.

L’homme d’âge mûr était en effet sans doute vénitien, étant donné ses cheveux blonds, bien que coupés à ras. Sa barbe et moustache rasées proprement pour former un bouc, symbole supplémentaire d’autorité.

Une rapière battait son flanc lors de sa démarche vigoureuse et décidée.

Dante d’Albore fit un léger sourire et salua la petite foule rassemblée, dont certains l’applaudirent.

L’aubergiste Jacomo d’Arques fendit la foule vociférant : “Bienvenue votre Excellence, vos quartiers sont prêts et nous transférons vos affaires, sauf celles qui vous suivent à Florence bien entendu !”.
Quelques courbettes de l’aubergiste plus tard, Edwald du Faucon arriva et souhaita également la bienvenue à l’homme important qui venait d’arriver.

Il prit la parole brièvement : “Mesdames et Messires, son Excellence ici présente est un invité de marque en mon Fort, il ne sera toléré aucun écart à son égard et toute incivilité lui destinée pourrait être sévèrement punie par mon épée ! ”.

L’Emissaire d’Albore leva la main et fit un signe de tête en remerciement. Il déclara : “Une tournée générale pour apaiser tout le monde après cette déclaration très martiale, je dois présentement me rendre à Florence pour des entrevues protocolaires mais vous rejoindrai avec plaisir dans quelques jours !”.

Refusant de remonter dans le carrosse, l’Emissaire salua les gens qui ne s’étaient pas encore précipités dans l’auberge pour réclamer leur boisson offerte.

Il fit à pied, mais sous bonne escorte, le chemin vers la Porta San Giorgio, l’entrée la plus proche de la ville de Florence, menant vers le Ponte Alle Grazie.

Quatre jours plus tard, il revint en soirée à l’auberge de la Coupe de Cristal, toujours bien encadré lors de ses déplacements.

Jacomo lui fit à nouveau un accueil plein de révérences et de flatteries qu’il interrompit assez vite en disant : “Cela suffit les ronds de jambes, installe-moi à une bonne table avec du bon vin”.

Certains d’entre vous l’ont approché et ont pu deviser avec lui.

Un homme courtois et intéressé par la nouvelle Kumpania, qui savait poser des questions mais aussi parler quelque peu de lui quand on l’interrogeait.
Un diplomate à l’allure de noble mais ouvert et accessible, ayant un avis arrêté sur beaucoup de choses mais tout de même tolérant de l’avis des autres.

Vous avez donc pu apprendre que Dante D’Albore est originaire de Venise et qu’il représente le Conseil de Lode.
Il vous a également expliqué que ce Conseil fut créé à la suite de ce qu’on appelle la Seconde Paix de Constance, vers 1400. Évènement marquant, désignant la fin de la guerre voulue par l’Eglise Catholique contre les utilisateurs de magie qualifiés d’”Impurs”, qu’elle voulait exterminer par le biais de son inquisition : “Les Faucheurs”.
Le prétexte étant que les “Impurs” étaient “certainement” la cause de la grande vague de la Peste Noire un peu avant 1350.
A la suite de cet évènement, tout “Impur” fut banni des cités et le nombre de marcheurs augmenta drastiquement. Ayant pour conséquence une augmentation du nombre de caravanes marchandes nomades qui s’étaient rassemblées pour survivre.

L’une ou l’autre devinrent des Kumpanias mais la majorité de celles-ci rejoignirent les Kumpanias existantes. Les renforçant et leur permettant d’accéder à un statut d’importance majeure pour le commerce entre cités.

Le Conseil de Lode regroupe actuellement trois grandes villes sur le plan politique : Venise, Milan et Florence.

Economiquement parlant, en revanche, c’est une guerre farouche qui les oppose.

Dante d’Albore a encore payé quelques tournées et a également insisté sur l’importance du consentement et de l’appui du Conseil de Lode pour l’entreprise qu’est votre nouvelle Kumpania.